=> 18h: rencontre avec Laurent Aubert

Laurent AUBERT, musicien et ethnomusicologue, est le directeur des Ateliers d’ethnomusicologie, un institut dédié à la diffusion des musiques du monde qu’il a fondé à Genve en 1983. De 1984 à 2011, il a été conservateur au Musée d’ethnographie de Genève (MEG) et secrétaire général des Archives internationales de musique populaire (AIMP), dont il a dirigé la collection de CDs. Parallèlement à des recherches de terrain, notamment en Inde, il travaille sur des questions liées aux pratiques musicales en migration, à la mise en spectacle des musiques et des danses “du monde” et à la place qu’elles occupent dans les processus contemporains de globalisation culturelle. Il est le fondateur des Cahiers d’ethnomusicologie et l’auteur de nombreux articles et CDs, ainsi que de plusieurs livres, parmi lesquels Planète musicale (1999), La musique de l’autre (2001), Les feux de la déesse (2004), Musiques migrantes (2005), Mémoire vive (2009), La saveur des arts (2011) et L’Air du temps (2012).

Tout un programme qu’il viendra partager généreusement avec nous autour d’un café kéralais avant de nous inviter au voyage dans le pays des dieux.

* La caféothèque ouvre son bar et propose des planches à déguster entre la rencontre et la projection *

=> 20h30: projection-débat “Les dieux ne meurent jamais” (52’)

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LES DIEUX NE MEURENT JAMAIS (GODS NEVER DIE)

Un film de Laurent Aubert, Ravi Gopalan Nair, Patricia Plattner et Johnathan Watts

Musée d’ethnographie (Genève) – Light Night – 2004

DVD – 52’

Au Kerala, dans le Sud de l’Inde, la vie sociale et religieuse est animée par de nombreuses fêtes rituelles. Selon la conviction des villageois, le but de ces cérémonies est d’attirer les dieux sur terre par de la musique, de la danse et diverses offrandes, afin qu’en contrepartie, ceux-ci accèdent aux requêtes de leurs dévots.

L’un de ces rituels est le Tirayâttam, dont le nom signifie « Danse de la splendeur ». Il est organisé chaque année dans certains sanctuaires villageois du district de Calicut (Kozhikode). À cette occasion, les dieux et les ancêtres se manifestent sur terre, incarnés par des danseurs dont le costume, le maquillage et les attributs évoquent leur puissance. Rythmées au son des tambours, leurs évolutions constituent l’événement central de cette grande cérémonie, qui comporte de nombreuses autres phases telles que processions, offrandes, sacrifices sanglants et séances de divination.

Le sacré n’excluant pas la présence du profane, ces séquences sont entrecoupées d’interludes récréatifs, destinés à « rafraîchir l’atmosphère » et à divertir l’assistance, y compris les dieux, qui passent pour en être friands. Animé par la présence de bouffons, de bateleurs et d’acrobates, le Tirayâttam revêt ainsi l’apparence d’une grande kermesse populaire ouverte à tous, quelle que soit leur caste ou leur religion.

Le film est centré sur les activités d’une troupe familiale appartenant à une caste d’anciens Intouchables, les Peruvannân. Malgré leur statut social peu enviable, ses membres jouissent d’un privilège important : ils sont les seuls à pouvoir incarner les dieux lors du Tirayâttam. L’estime et le prestige qu’ils en retirent sont notamment dus à l’excellence reconnue de leurs prestations et au prestige du maître Srî Appukutty Ashan, aujourd’hui décédé, qui a formé tous les membres de la troupe aux différentes disciplines du Tirayâttam.

La responsabilité des rituels incombe désormais à son fils Rajan et à son neveu Rameshan. Personnage débonnaire et attachant, un peu fantasque, d’une générosité appréciée de tous, Rajan officie généralement comme maquilleur, chanteur et percussionniste. Quant à Rameshan, son cadet de quelques années, plus vigoureux, mais aussi plus secret que Rajan, il est aujourd’hui le chef des danseurs du Tirayâttam. Il occupe cependant une autre fonction tout aussi importante dans la conduite des rituels : celle de médium, qui implique l’exercice de la possession et de l’art divinatoire.

De 1998 à 2003, Laurent Aubert, ethnomusicologue, et Johnathan Watts, photographe et vidéaste, ont séjourné à plusieurs reprises au Kerala pour le compte du Musée d’ethnographie de Genève. En compagnie de leur ami Ravi Gopalan Nair, spécialiste des rituels, ils ont découvert le Tirayâttam. Ils en ont ramené des images fortes, qu’ils ont ensuite confiées à la cinéaste Patricia Plattner afin que, à partir de plus de 70 heures de rushes, elle en réalise un montage qui fasse sens et qui rende justice à cette expression à l’esthétique flamboyante.

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– Entrée libre dans la limite des places disponibles –
Restauration sur place

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